Les substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées (regroupées sous l’acronyme anglais de PFAS) sont des substances chimiques très répandues dans notre quotidien. Utilisées par les industriels depuis la deuxième moitié du XXe siècle, on les trouve dans de nombreux produits à usage domestique. C’est le cas des ustensiles de cuisine anti–adhésion (comme le Téflon), des vêtements techniques (imperméables ou anti–tâches), des mousses anti–incendie, des matériaux présents dans les dispositifs médicaux, certains emballages alimentaires, des cires et lubrifiants dans les cosmétiques, des produits phytosanitaires, etc.
Des substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées dans l’eau potable
Les PFAS contiennent tous des liaisons carbone–fluor très stables, ce qui les rend très peu dégradables. Ils ont la particularité d’être extrêmement résistants et persistants dans l’environnement et dans notre organisme, où ils peuvent s’accumuler. A tel point qu’on les surnomment « polluants éternels ».
En raison de leur persistance, de nombreux milieux se trouvent contaminés : l’eau, l’air, les sols et les sédiments, mais aussi les organismes vivants. De ce fait, les PFAS se retrouvent dans la chaîne alimentaire. Nous sommes donc tous exposés via notre environnement intérieur, notre alimentation et l’eau potable que nous consommons. Selon l’Anses, les effets sur la santé,avérés ou suspectés, sont multiples : cancers, troubles de la fertilité et du développement des fœtus, interférences avec les systèmes endocrinien et immunitaire…
Une contamination des eaux encore à l’étude
Une étude de Santé Publique France, publiée en 2019, alertait pour la première fois sur une « persistance des composés perfluorés dans l’environnement malgré les restrictions d’utilisation des PFC ». L’institut note d’ailleurs un manque de recul sur l’imprégnation des populations, notamment en France où il n’existe pas d’études antérieures. À l’étranger, les premières mesures datent seulement du début des années 2000. Malgré une surveillance accrue et un retrait du marché de certains perfluorés, on ne perçoit leur danger que depuis peu de temps. D’où la crainte d’un futur scandale sanitaire majeur.
Générations futures a souhaité quantifier par ailleurs la présence des PFAS dans les eaux superficielles françaises (lacs, étangs, cours d’eau…) pour dresser un état des lieux. L’ONG a analysé 13 000 échantillons en s’appuyant sur la base de données Naïades. Cette base centralise tous les relevés des agences publiques sur la qualité des eaux. Les résultats indiquent que 4 échantillons sur 10 présentaient au moins un PFAS au–delà de sa limite de quantification. La contamination semble généralisée, bien que des disparités existent selon les territoires. Par ailleurs, les agences publiques n’ont pas relevé le même nombre d’échantillons d’une région à l’autre. Cela laisse supposer que les résultats sont « largement sous–estimés » selon Générations futures.
Vers une meilleure connaissance des polluants éternels
En 2011, l’Anses publiait une première campagne nationale de mesure des composés perfluorés dans les eaux, ainsi qu’un avis en 2017. Mais c’est seulement depuis avril 2022 que les agences de l’eau ont l’obligation de surveiller quatre PFAS dans les eaux de surface et une vingtaine dans les eaux souterraines.
Le 17 janvier dernier, le gouvernement a présenté un plan d’actions, en réponse au rapport de Générations future. Ce plan vise à améliorer la connaissance des niveaux de pollution aux PFAS et des sources de rejet. L’ONG lui reproche toutefois son manque d’ambition : « Les mesures proposées restent très floues et ne contraignent toujours pas les industriels à limiter leurs rejets de PFAS », déclare François Veillerette, porte–parole de Générations Futures. Des mesures qui reposent en grande partie sur une proposition de restriction au niveau européen, dont les délais de mise en œuvre sont longs…