Cela fait plus de 5 ans que le Nutri-score guide le consommateur dans les rayons des supermarchés. Il a émergé grâce à une équipe de chercheurs. Ils ont mis en place un algorithme permettant d’évaluer la balance entre la teneur en éléments positifs et négatifs d’un produit, afin de lui attribuer un score sous forme de lettre (de A à E) et de couleur (du vert au rouge).
Le Nutri-score reste pour le moment facultatif en France. S’il a permis à des industriels d’améliorer leurs recettes pour obtenir un meilleur score, d’autres grands groupes y sont farouchement opposés (Coca Cola, Ferrero, Lactalis, Mars…). L’opposition est aussi du côté du lobby de certains secteurs agricoles, dont la charcuterie et du fromage. Ils lui reprochent sa simplicité et sa sévérité vis–à–vis de certains produits. Aujourd’hui, selon Serge Hercberg, créateur du Nutri-score, 875 sociétés l’ont adopté, « soit 60 % de l’offre alimentaire à laquelle le consommateur a accès ».
Vers une nécessaire évolution du système
En 2023, le système de notation devrait évoluer pour s’adapter aux dernières recommandations nutritionnelles.
Ainsi, certains groupes d’aliments seront davantage pénalisés. Il s’agira des viandes rouges et viandes transformées ainsi que les produits trop sucrés et trop salés. Les plats préparés vont également voir leur score diminuer. Il passera en moyenne des catégories A/B aux catégories B/C.
D’autres aliments, au contraire, seront mieux notés. Ce sera la cas de ceux qui contiennent de bonnes graisses ou sont pauvres en sel : les poissons gras sans ajout (sel ou huile), les huiles ou encore certains fromages à pâte pressée. Concernant les pains et pâtes, les produits complets seront mieux catégorisés que leurs analogues raffinés, en raison de leur teneur en fibres.
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Une harmonisation européenne du Nutri-score ?
Un étiquetage obligatoire au niveau européen devrait aboutir en 2023. La Commission européenne doit arrêter une décision, qui sera votée ensuite par le Parlement européen.
Cependant, les lobbies anti–Nutri-score font barrage. Les récents propos de Claire Bury* laissent présager une mise à l’écart du Nutri-score. En effet, elle indiquait le 30 septembre dernier que « l’Europe ne retiendrait pas ce logo comme indicateur nutritionnel obligatoire sur l’ensemble des produits transformés ».
Ainsi, la Commission pourrait s’orienter vers un autre indicateur ou une combinaison de différents systèmes. Pour Serge Hercberg, une telle posture retarderait la mise en application d’un logo nutritionnel. Il rappelle qu’il faut « des années pour développer un logo et le tester ». Or, de l’aveu même de Claire Bury : « l’Europe est déjà en retard par rapport au reste du monde ».
*Claire Bury, directrice adjointe à la durabilité alimentaire au sein de la Commission européenne
Pour aller plus loin
La Chambre de Consommation d’Alsace et du Grand Est propose une conférence sur le thème des labels dans l’alimentation :
LES LABELS PASSENT À TABLE
Vert, rouge, orange, blanc, bleu… il y en a vraiment de toutes les couleurs, toutes les formes et pour tous les goûts. Logos, pictos, certifications, signes de qualités, Nutri-score, applis… mais quels enjeux se cachent vraiment derrière notre alimentation ?
À l’appui d’exemples concrets, tentons d’y voir clair dans la jungle des infos et des allégations.
Cet événement ouvert à tous aura lieu le jeudi 17 novembre 2022 à 19h30 au CSC de Wolfisheim.