De nombreux escrocs se servent des espaces publicitaires du moteur de recherche Google pour promouvoir de faux sites de placements financiers, notamment de faux livrets d’épargne. Le magazine « 60 millions de consommateurs« a enquêté pendant plusieurs mois sur ces publicités frauduleuses, et le constat est alarmant.
Google : un écosystème propice à l’arnaque
Sur ces sites, les arnaqueurs utilisent des arguments commerciaux alléchants, tels que le capital garanti, des taux d’intérêt intéressants, des montants placés nets de fiscalité et disponibles à tout moment... Ils utilisent ensuite la régie publicitaire de Google – Google Ads – pour en faire la promotion avec des mots-clés prisés par les internautes, comme « livret garanti », « placement sans frais », « placement rémunérateur », etc. Résultat : des publicités pour ces sites frauduleux s’affichent dans tout l’écosystème de Google (sur le moteur de recherche mais aussi Gmail, Youtube, le fil d’actualité Androïd sur smartphone…). Le magazine a tenté l’expérience en se faisant passer pour un potentiel client.
La majorité de ces sites met en avant un formulaire à remplir pour tester son éligibilité, ce qui doit alerter. Très vite, le journaliste a été contacté par un faux conseiller. Celui-ci déroule un argumentaire commercial bien rôdé mais totalement mensonger. « 60 millions« a reçu de nombreux témoignages de victimes délestées de plusieurs milliers (voire centaine de milliers) d’euros… Des sommes qui ne seront probablement jamais récupérées.
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Quels recours face à ces publicités frauduleuses ?
Les publicités peuvent faire l’objet d’un signalement auprès de Google. Une opération que le magazine a accomplie pas moins de 65 fois entre janvier et mars 2023, sans aucune réaction du géant du Net. Il aura fallu attendre que les journalistes se manifestent, en leur qualité de média, pour que l’entreprise réagisse et supprime les publicités signalées.
Pourtant, la responsabilité de Google peut être engagée. Comme le rappelle au magazine Me Hélène Feron–Poloni, avocate spécialisée dans la défense des épargnants : « Avec ces signalements, la connaissance des faits n’est plus présumée mais établie, obligeant l’hébergeur à réagir, faute de quoi sa responsabilité peut être engagée ». De son côté, Google affirme avoir renforcé le processus de vérification des annonceurs qui promeuvent des services financiers, s’assurant qu’ils étaient bien « agréés/autorisés par l’organisme de réglementation des services financiers compétent en France ».
Inaction de la part de Google et consommateurs floués
Or, l’enquête de « 60« révèle que de nombreuses publicités arboraient une « identité de l’annonceur validé par Google » dans leur descriptif. Cependant, aucun n’était agréé par l’un des organismes de réglementation… Par ailleurs, les publicités dénoncées par le magazine continuent d’apparaître aujourd’hui aux côtés de nouvelles, sans que Google n’intervienne. Une situation qui met en danger de nombreux consommateurs susceptibles de se faire piéger.
Selon le Parquet de Paris, le préjudice global des victimes d’escroqueries financières s’élevait en 2021 à 500 000 millions d’euros par an, dont 72 000 € en moyenne pour chaque victime de faux livrets d’épargne.